AU MATIN

 

 

Dans la lumière précoce d’une aube de mai, voici à quoi ressemble mon salon : au-dessus de la cheminée de marbre blanc et de granit, garnie de fausses bûches à gaz, est accroché un original de David Onica. C’est, dans des tons éteints de gris et de vert olive, le portrait d’une femme nue, assise sur une chaise et regardant MTV, avec en arrière-plan un paysage martien, un désert mauve et miroitant, jonché de poissons morts, éviscérés, tandis que des assiettes brisées s’élèvent au-dessus de sa tête jaune, comme un flamboiement de soleils. Le tout, de format deux mètres sur un mètre vingt, est encadré d’aluminium brossé noir. La toile domine un long canapé blanc sans pieds et un récepteur digital Toshiba à écran de soixante-quinze centimètres, image haute définition et contraste optimum, pourvu d’une vidéo sur un support tubulaire high-tech de chez NEC, avec système digital d’incrustation et arrêt sur image ; le matériel audio comprend un MTS et un ampli de cinq watts par canal intégrés. Un magnétoscope Toshiba est posé sous le récepteur, sous un couvercle de verre ; c’est une console Beta hyperbande dont les fonctions incorporées incluent l’édition de documents écrits, avec une mémoire de huit pages, un système d’enregistrement / reproduction haute fréquence, et la programmation sur trois semaines de huit programmes fixes. À chaque coin du salon est disposée une lampe-tempête halogène. De fins stores vénitiens blancs sont tirés devant les huit baies vitrées. Devant le sofa, une table basse à dalle de verre et piétement de chêne de chez Turchin, sur laquelle des animaux de verre filé de chez Steuben sont stratégiquement disposés autour de luxueux cendriers de cristal de chez Fortunoff, bien que je ne fume pas. À côté du juke-box Wurlitzer, un piano à queue Baldwin en ébène. Dans tout l’appartement court un plancher de chêne clair ciré. De l’autre côté de la pièce, à côté d’un bureau et d’un porte-journaux dessinés par Gio Ponti, se trouve une chaîne stéréo Sansui complète (CD, lecteur de cassette et magnétophone, tuner, ampli), accouplée à des baffles Duntech Sovereign 2001 d’un mètre quatre-vingts, en bois de rose du Brésil. Au centre de la chambre trône un lit japonais sur un cadre de chêne. Contre le mur est installé un récepteur Panasonic à écran pivotant de soixante-quinze centimètres et son stéréo, et au-dessous, un magnétoscope Toshiba sous un couvercle de verre. N’étant pas certain de l’heure affichée par le réveil digital Sony, je me redresse pour jeter un coup d’œil aux chiffres qui clignotent sur le magnétoscope, puis je saisis le téléphone à touches d’Ettore Sottsass posé sur la table de chevet en verre et acier, et compose le numéro de l’horloge parlante. Dans un coin de la pièce est posée une chaise de cuir crème, acier et bois, dessinée par Eric Marcus, et dans l’autre une chaise en contreplaqué moulé. Le tapis beige et blanc à points noirs de Maud Sienna recouvre presque tout le plancher. Un des murs est dissimulé par l’alignement de quatre gigantesques commodes d’acajou décapé. Je suis au lit, vêtu d’un pyjama de soie Ralph Lauren puis, me levant, je passe un peignoir ancien imprimé cachemire, dans les tons garance, et me dirige vers la salle de bains. Tout en urinant, je vérifie mon degré de bouffissure dans le miroir, à côté d’une affiche de base-ball accrochée au-dessus de la cuvette. Après avoir enfilé un short brodé Ralph Lauren, un sweater Fair Isle et des chaussons Enrico Hidolin de soie imprimée petits pois, j’attache un sachet de plastique empli de glace autour de mon visage et attaque les exercices d’assouplissement matinal. Après quoi, debout devant le lavabo Washmobile, résine et acier — assorti du porte-savon, du porte-gobelet, et des barres d’acier pour poser les serviettes — que j’ai acheté chez Hastings Tile, en attendant que soit terminé le ponçage des lavabos de marbre que je fais venir de Finlande, j’observe mon reflet dans le miroir, le visage toujours entouré du sachet de glace. Je verse un peu de Plax antiplaque dentaire dans un gobelet d’inox et le fait tourner dans ma bouche pendant une trentaine de secondes. Puis j’étale du Rembrandt sur une brosse en imitation écaille de tortue et entreprends de me brosser les dents (trop vaseux pour utiliser le fil dentaire, ainsi qu’il conviendrait, mais peut-être l’ai-je fait hier soir, avant de me coucher ?), et me rince la bouche avec de la Listerine. Puis j’examine mes mains, et prends la brosse à ongles. J’ôte le sachet de glace de mon visage, et applique une lotion désincrustante, puis un masque reconstituant à la menthe que je laisse agir dix minutes, le temps de m’occuper de mes ongles de pieds. Ensuite, je prends la brosse à dents électrique Probright, puis l’Interplak (ceci pour parfaire l’action de la brosse manuelle), dont la vitesse de rotation est de 4 200 tours par minute, avec changement du sens de rotation quarante-six fois par seconde ; les poils longs nettoient les espaces interdentaires et massent les gencives, tandis que les plus courts polissent la surface des dents. Je me rince de nouveau la bouche, avec du Cepacol. Puis j’ôte mon masque à la menthe sauvage avec une pâte désincrustante à la menthe verte. La douche est munie d’une pomme multidirectionnelle réglable dans un rayon de soixante-quinze centimètres. Elle est en cuivre d’Australie noir et or recouvert d’émail blanc. Sous la douche, j’utilise tout d’abord un gel moussant, puis un désincrustant au miel et aux amandes pour le corps, et pour le visage un gel exfoliant. Le shampooing Vidal Sassoon se révèle excellent pour supprimer la pellicule de transpiration, ainsi que les agents corrodants, les graisses, la poussière et les divers polluants en suspension dans l’air qui peuvent alourdir vos cheveux, les aplatir sur votre crâne, ce qui vous fera paraître plus âgé. Mon après-shampooing est aussi de qualité — la technologie du silicone autorise une action traitante du cheveu sans l’alourdir, ce qui peut également vous faire paraître plus âgé. Le week-end, ou lorsque j’ai un rendez-vous prévu, j’utilise plus volontiers le Greune Natural Revitalizing Shampoo, l’après-shampooing et le Nutrient Complex. Ces produits contiennent du D-panthetol, un agent multivitaminé B, du polysorbate 80, un agent lavant pour le cuir chevelu, et des herbes naturelles. Le week-end prochain, j’ai l’intention de faire quelques courses chez Bloomingdale ou chez Bergdorf et, sur les conseils d’Evelyn, d’essayer le Soin et Shampooing Foltène pour prévenir la chute des cheveux, car il contient un complexe carbohydratant qui pénètre au cœur du cheveu, lui donnant vigueur et brillance. Je prendrai aussi le Vivagen Hair Enrichment Treatment, un nouveau produit de Redken, destiné à prévenir la formation d’une couche minérale sur le cheveu, ce qui prolonge son cycle de vie. Luis Carruthers m’a recommandé le Nutriplex System d’Aramis, un complexe nutritif qui aide à favoriser la circulation du cuir chevelu. Une fois hors de la douche et séché, je remets mon short Ralph Lauren, et presse une serviette brûlante contre mon visage pendant deux minutes, pour adoucir ma barbe, avant d’étaler ma mousse à raser, une crème de chez Pour Hommes. Après quoi, je ne manque jamais de me bassiner le visage avec une lotion hydratante (celle de Clinique a ma préférence) que je laisse agir une minute. Vous pouvez au choix la rincer ou la garder sur la peau et appliquer par-dessus la crème à raser — de préférence à l’aide d’une brosse, qui assouplit la barbe en soulevant le poil —, ce qui, à mon avis, facilite le rasage. Cela évite également l’évaporation, réduisant ainsi la friction entre la peau et la lame. Il faut toujours mouiller la lame à l’eau chaude avant le rasage, et suivre le sens de la pousse du poil, en appuyant légèrement. Garder les pattes et le menton pour la fin, car à ces endroits, la barbe est plus dure, et demande plus de temps pour s’assouplir. Avant de commencer, il faut rincer le rasoir, et le secouer pour l’égoutter. Après, se bassiner le visage à l’eau fraîche, pour faire disparaître toute trace de mousse. Il convient d’utiliser un après-rasage contenant très peu d’alcool — ou mieux, pas d’alcool du tout. Jamais d’eau de Cologne, car l’alcool à haute dose dessèche la peau et vous fait paraître plus âgé. On appliquera ensuite un tonique antibactérien sans alcool, à l’aide d’un coton imbibé d’eau, pour détendre la peau. En dernier lieu, une crème hydratante. Puis s’asperger d’eau, avant d’étendre une lotion émolliante pour adoucir l’épiderme et en fixer l’hydratation. Ensuite, appliquer le Gel Apaisant de Pour Hommes, qui est une excellente lotion adoucissante. Si votre peau vous semble desséchée, grumeleuse — ce qui fait paraître votre visage terne, et plus âgé —, utiliser une lotion clarifiante qui, en vous débarrassant des petites peaux mortes, vous laisse un épiderme éclatant (et accentue votre bronzage, le cas échéant). Appliquer ensuite une crème anti-vieillissement pour les yeux (Baume Des Yeux), suivie enfin d’une lotion hydratante et protectrice. Après avoir essuyé mes cheveux avec la serviette, j’emploie une lotion régulatrice du cuir chevelu. Je passe aussi un petit coup de séchoir sur mes cheveux, pour leur donner volume et maintien (mais sans l’aspect collant), avant d’ajouter encore un peu de lotion, que je répartis à l’aide d’une brosse en soies naturelles, et je termine en les lissant en arrière avec un peigne à grosses dents. Je remets mon sweater Fair Island et mes chaussons de soie à petits pois, et me dirige vers le salon, où je glisse le dernier Talking Heads dans le lecteur de CD, mais il commence à dérailler d’une plage à l’autre, aussi je le retire et glisse à la place le CD spécial destiné à nettoyer la lentille du laser. Le laser, d’une extrême sensibilité, est sujet à des altérations provoquées par la poussière, la saleté, la fumée, l’humidité et la pollution ambiantes, et un laser sale peut poser des problèmes, accumulant faux départs, passages inaudibles, glissements d’une plage à l’autre, changements de vitesse de lecture et distorsions du son ; le disque de nettoyage possède une petite brosse qui s’aligne automatiquement sur la lentille tandis que tourne le disque, éliminant ainsi les poussières et les particules indésirables. Je remets le Talking Heads dans l’appareil, qui fonctionne parfaitement. Je ramasse le numéro de USA Today qui traîne par terre devant la porte d’entrée, et le rapporte dans la cuisine, où je prends deux Advil, une pilule multivitaminée et une de potassium, que je fais glisser avec une grande bouteille d’eau d’Evian, car la bonne, une vieille Chinoise, a oublié de mettre en route le lave-vaisselle en partant, hier. De même, je verse mon jus de pamplemousse-citron dans un des verres à pied Saint-Rémy, que j’ai fait venir de Baccarat. Je jette un coup d’œil sur la pendule au néon accrochée au-dessus du réfrigérateur, m’assurant que j’aurai le temps de prendre tranquillement mon petit déjeuner. Debout devant le bar de la cuisine, je mange un kiwi et une poire japonaise en tranches (quatre dollars pièce chez Gristede) dans des barquettes de conservation en aluminium dessinées en Allemagne. Je prends un petit pain au son, un sachet de thé décaféiné et un paquet de céréales (avoine et son) dans un des vastes placards vitrés qui recouvrent presque tout un mur de la cuisine ; le cadre est en métal gris-bleu soutenu, les étagères en inoxydable, et les panneaux en verre armé dépoli. Je mange la moitié du petit pain au son après l’avoir passé au micro-ondes et agrémenté d’un peu de beurre de pomme. Suit un bol de céréales (avoine et son) avec germes de blé et lait de soja ; encore une bouteille d’Évian, et une petite tasse de thé décaféiné pour finir. Alignés à côté du four à pain Panasonic et de la cafetière Salton se trouvent le percolateur Cremina en argent massif (encore chaud, assez curieusement) que j’ai trouvé chez Hammacher Schlemmer (la tasse à espresso en inox isolant, ainsi que la soucoupe et la cuiller sont posées près de l’évier, maculées) et le four à micro-ondes Sharp modèle R1810A Carousel II à plateau tournant, dans lequel je fais réchauffer l’autre moitié du petit pain. À côté du grille-pain Salton Sonata, du robot Cuisin’art Little Pro, de la centrifugeuse Acme Supreme Juicerator, et du shaker électronique Cordially Yours, est posée la bouilloire à thé en inox, contenance deux litres et demi, qui siffle Tea for Two lorsque l’eau se met à bouillir, et dont je me sers pour me préparer une autre petite tasse de thé pomme-cannelle décaféiné. Durant ce qui me paraît être un long moment, je contemple le couteau électrique Handy Knife de Black & Decker, posé sur le plan de travail, à côté de l’évier, et branché sur la prise murale : c’est un éminceur / éplucheur doté de divers accessoires, avec une lame-scie et une lame dentée. Il se recharge par la poignée. Aujourd’hui, je porte un costume Alan Flusser. Il date des années quatre-vingt, c’est donc une version réactualisée du style des années trente. Le modèle que l’on préférera possède des épaules larges mais naturelles, une poitrine ample et un dos à soufflets. Les revers souples devront être larges de douze centimètres environ, la pointe du revers s’arrêtant aux trois quarts de la largeur de l’épaule. Le revers pointu est considéré comme plus élégant, sur une veste croisée, que le revers cranté. Les poches basses sont agrémentées d’une patte ornée d’une double ganse — au-dessus de chaque patte s’ouvrent deux fentes garnies d’une étroite bande de tissu. Le boutonnage bas forme un carré ; au-dessus, à peu près à hauteur du croisement des revers, se trouvent deux boutons supplémentaires. Le pantalon au pli bien marqué est coupé large, prolongeant ainsi la ligne ample de la veste. La taille monte légèrement plus haut sur le devant, et deux pattes fixées dans le dos, au milieu, permettent une tenue parfaite des bretelles. Ma cravate de soie tachetée est griffée Valentino Couture. Aux pieds, je porte des mocassins de crocodile A. Testoni. Tandis que je m’habille, la télévision diffuse le Patty Winters Show. Les invitées du jour sont des femmes à personnalité multiple. On voit à l’écran une espèce de créature obèse, d’âge mûr, tandis que s’élève la voix de Patty Winters : Bien, s’agit-il de schizophrénie, ou d’autre chose ? Racontez-nous.

— Non, pas du tout. Les gens à personnalité multiple ne sont pas des schizophrènes, dit la femme, secouant la tête. Nous ne sommes pas du tout dangereux.

— Eh bien, reprend Patty, debout au milieu du public, le micro à la main, dites-nous, qui étiez-vous, le mois dernier ?

— Le mois dernier, je crois bien que j’ai été Polly, la plupart du temps, répond la femme.

Coup d’œil sur le public — visage inquiet d’une ménagère ; avant que celle-ci ne s’aperçoive sur l’écran témoin, la caméra revient sur la femme à personnalité multiple.

— Bien, reprend Patty. Et en ce moment-même, qui êtes-vous ?

— Eh bien... commence la femme d’une voix lasse, comme si elle n’en pouvait plus de répondre toujours à cette question, comme si elle y avait répondu des centaines de fois sans parvenir à être crue. Eh bien, ce mois-ci, je suis... Côtelette. Oui... Côtelette, la plupart du temps.

Long silence. Gros plan sur une ménagère qui secoue la tête, stupéfaite, tandis qu’une autre ménagère lui chuchote quelque chose à l’oreille.

Aux pieds, je porte des mocassins de crocodile A. Testoni.

Attrapant mon imperméable dans la penderie de l’entrée, je mets la main sur une écharpe Burberry’s et le pardessus assorti, brodé d’une baleine (le genre de chose que porte un gosse) et maculé de ce qui pourrait être des traces de chocolat séché, barbouillées en croix sur le devant, et colorant de sombre les revers. Je prends l’ascenseur pour descendre, remontant ma Rolex d’un léger mouvement de poignet. Je salue le gardien, et hèle un taxi qui m’emmène vers le centre, vers Wall Street.

 

 

 

AU HARRY’S

 

 

À l’heure la plus sombre du crépuscule, Price et moi descendons Hanover Street, nous dirigeant silencieusement vers le Harry’s, comme guidés par un radar. Timothy n’a pas dit un mot depuis que nous avons quitté P & P. Le clochard repoussant accroupi sous une benne à ordures, au coin de Stone Street, ne lui arrache pas même une réflexion. Il s’autorise cependant un sifflement égrillard en direction d’une femme qui se dirige vers Water Street — une blonde, du monde au balcon, un cul superbe, des talons hauts. Price paraît tendu, nerveux, et je n’ai aucune envie de lui demander ce qui ne va pas. Il porte un costume de lin Canali Milano, une chemise de coton Ike Behar, une cravate de soie Bill Blass et des Brooks Brothers à lacets et bouts ferrés. Moi, je porte un costume de lin très fin, pantalon à pinces, une chemise de coton, une cravate de soie tachetée — Valentino Couture —, et des Allen-Edmonds en cuir perforé à bouts renforcés. Une fois au Harry’s, nous avisons David Van Patten et Craig McDermott, à une table du devant. Van Patten porte un veston de sport croisé laine et soie, un pantalon laine et soie à pli creux et braguette boutonnée Mario Valentino, une chemise de coton Gitman Brothers, une cravate de soie à petits pois Bill Blass et une paire de Brooks Brothers en cuir. McDermott porte un costume de lin tissé avec pantalon à pinces, une chemise Basile, coton et soie, une cravate de soie Joseph Abboud et des mocassins en cuir d’autruche Susan Bennis Warren Edwards.

Tous deux sont penchés sur la table, en train d’écrire sur leur serviette en papier, chacun un verre posé devant lui, respectivement un scotch et un Martini. Ils nous font signe. Price jette son attaché-case de cuir Tumi sur une chaise vide et se dirige vers le bar. Je lui crie de me commander un J&B on the rocks, et m’assois avec Van Patten et McDermott.

— Alors, Bateman, fait Craig (et sa voix révèle qu’il n’en est pas à son premier Martini), peut-on ou ne peut-on pas porter de mocassins à glands avec un costume de ville ? Ne me regarde pas comme si j’étais devenu fou.

— Oh, merde, tu n’as pas besoin de demander à Bateman, gémit Van Patten, agitant son stylo en or, un Cross, et buvant distraitement une gorgée de Martini,

— Van Patten ? demande Craig.

— Ouais ?

McDermott hésite un instant. « Tais-toi », dit-il enfin, d’une voix terne.

— Quelle est l’idée, bande de rigolos ? J’aperçois Luis Carruthers, debout au bar, à côté de Price qui l’ignore à mort. Carruthers n’est pas bien habillé : costume croisé en laine, à quatre boutons, Chaps, je pense, chemise rayée en coton, nœud papillon en soie, lunettes de vue Oliver Peoples à monture de corne.

— Nous envoyons ces questions à Gentleman Quarterly, m’explique Van Patten.

M’apercevant, Luis me fait un sourire hésitant puis, si je ne me trompe, rougit et se retourne face au bar. Pour quelque mystérieuse raison, les barmen ne voient jamais Luis.

— Nous avons fait un pari : nous allons voir lequel de nous deux paraîtra le premier dans la colonne ‘‘Questions et Réponses’’. Alors, maintenant, j’aimerais bien que tu me répondes. Qu’est-ce que tu en penses ? demande McDermott d’une voix insistante.

— Qu’est-ce que je pense de quoi ? fais-je, irrité.

— Des mocassins à glands, crème d’andouille.

— Ça, mes petits enfants... Je réfléchis, soucieux de ne pas dire n’importe quoi. « Le mocassin à glands est en principe une chaussure décontractée... » Je jette un coup d’œil en direction de Price. J’ai méchamment envie d’un verre. Il frôle Luis, qui lui tend la main. Price sourit, dit quelque chose, et le quitte rapidement pour nous rejoindre. Luis, une fois de plus, tente d’attirer l’attention du barman, et une fois de plus, échoue.

— Mais c’est justement parce que tout le monde en porte qu’il est devenu portable, n’est-ce pas ? demande Craig avec élan.

— Ouais, dis-je, hochant la tête. Portable, à condition qu’il soit noir, ou en cuir naturel.

— Et marron... ? demande Van Patten, méfiant.

Je réfléchis un instant, « Trop sport pour un costume de ville », dis-je enfin.

— De quoi discutez-vous, bande de pédés ? demande Price. Il me tend mon verre et s’assoit, croisant les jambes.

— Bon, très bien, très bien, dit Van Patten. Maintenant, ma question. Question double... Il prend une pause théâtrale. 1 : les cols ronds sont-ils trop habillés ou trop décontractés ? 2 : quel genre de cravate va le mieux avec ?

Price, l’air un peu hagard, répond immédiatement, détachant bien les syllabes, sa voix claire et un peu tendue dominant le vacarme qui règne au Harry’s. « C’est un style de col très adaptable, on peut le porter aussi bien avec un costume qu’avec une veste sport. Il doit être amidonné quand on le porte habillé, et pour les occasions particulièrement formelles, il convient de porter une épingle de col. » Il s’interrompt, soupire ; on dirait qu’il a aperçu quelqu’un. Je me retourne. « Lorsqu’on le porte avec un blazer, reprend Price, le col doit paraître mou. On peut alors choisir de le porter avec ou sans épingle. Comme il s’agit d’un style de col traditionnel, genre collège, il est préférable de l’équilibrer avec une cravate-plastron, pas trop grande. » Il prend une gorgée de Martini, recroise les jambes, « Question suivante ? »

— On te paie un verre, déclare McDermott, visiblement impressionné.

— Price ? fait Van Patten.

— Oui ? fait Price, parcourant la salle des yeux.

— Tu es un être irremplaçable.

— Dites-moi, où allons-nous dîner ? (C’est moi qui pose la question.)

— J’ai pris mon fidèle Mr. Zagat, dit Van Patten, tirant de sa poche le petit guide rouge et l’agitant sous le nez de Timothy.

« Hourra », fait Price d’une voix sarcastique.

Moi : Qu’est-ce qu’on mangerait bien ?

Price : Quelque chose de blond, avec des gros nénés.

McDermott : Pourquoi pas au petit bistrot salvadorien ?

Van Patten : Écoutez, on passe au Tunnel après, autant trouver quelque chose dans le coin.

— Oh, merde, fait McDermott. On va au Tunnel ? La semaine dernière, j’ai ramassé cette nana de Vassar...

— Oh non, tu ne vas pas recommencer, gémit Van Patten.

— Pourquoi, il y a quelque chose qui te gêne ? rétorque McDermott.

— Oui. J’étais là. Je n’ai pas besoin d’entendre encore cette histoire, répond Van Patten.

— Mais je ne t’ai jamais raconté ce qui s’est passé après, fait remarquer McDermott, haussant les sourcils.

— Hé, mais c’était quand, cette soirée ? dis-je. Et pourquoi n’étais-je pas là, moi ?

— Toi, tu étais occupé ailleurs, à dragouiller je ne sais plus qui. Maintenant, tais-toi et écoute. Bon, donc, je ramasse cette nana de Vassar au Tunnel — premier choix, gros nénés, des jambes comme ça, un vrai petit trésor —, et je lui offre un ou deux kir-champagne. Elle me dit qu’elle est en ville pour ses vacances de printemps et elle commence pratiquement à me sucer au Chandelier Room, alors je l’emmène chez moi...

— Ben dis donc... Et je peux te demander où est Pamela, pendant ce temps-là ?

— Oh, va te faire voir, Bateman, grimace Craig. Tout ce que je veux, c’est une pipe. Une fille qui me laisse...

— Je ne veux pas entendre ça, dit Van Patten, plaquant ses deux mains sur ses oreilles. Je sens qu’il va sortir une horreur.

— Espèce de mijaurée, ricane McDermott. Écoute, il n’est pas question de prendre un appartement en commun, ni de s’envoler pour passer le week-end dans les Caraïbes. Tout ce que je demande, c’est une nana qui me laisse m’asseoir sur sa figure pendant trente ou quarante minutes.

Je lui jette mon bâtonnet à cocktail.

— Quoi qu’il en soit, nous voilà chez moi, et alors... écoutez ça... (Il s’approche de la table). À ce stade, elle avait bu assez de Champagne pour poivrer un rhinocéros, et bien, vous savez quoi... ?

— Elle t’a laissé la baiser sans préservatif ? suggère l’un de nous.

McDermott lève les yeux au ciel. « Il s’agit d’une nana de Vassar, pas de Queens. »

Price me donne une petite tape sur l’épaule. « Ce qui veut dire quoi, exactement ?

— Bon, vous écoutez ? Elle voulait... vous êtes prêts ? Il fait une pause, ménageant le suspense. « Elle voulait juste me branler et, là, vous n’allez pas me croire... elle a gardé son gant. » Il se renverse sur sa chaise et boit une gorgée, d’un air satisfait, vaguement suffisant.

Nous encaissons le coup avec gravité. Personne ne songe à se moquer de McDermott, malgré cette anecdote qui révèle son incapacité à faire preuve d’autorité face à cette petite nana. Personne ne dit rien, mais nous pensons tous la même chose : Ne jamais ramasser une fille de Vassar.

— Ce qu’il te faut, c’est une fille de Camden, déclare Van Patten, une fois remis de l’histoire de McDermott.

— Épatant ! dis-je. Le genre de nana qui trouve normal de baiser avec son frère.

— Ouais, mais elles croient que le SIDA est un nouveau groupe anglais, fait remarquer Price.

— Où dîne-t-on ? demande Van Patten, relisant d’un œil absent la question qu’il a griffonnée sur sa serviette. On se décide, oui ou merde ?

— C’est vraiment marrant, que les filles s’imaginent qu’on prend ça au sérieux, ces histoires de maladie et je ne sais quoi... déclare Van Patten en secouant la tête.

— Pas question que je mette un de leurs préservatifs à la con, déclare McDermott.

— J’ai lu un article que j’ai photocopié, dit Van Patten. Ils disent que les chances d’attraper ce truc sont du genre zéro, zéro, zéro, virgule zéro quelque chose, et cela avec la pire des salopes, le sac à foutre le plus pourri, le plus défoncé que tu puisses trouver.

— Les mecs ne peuvent pas l’attraper, c’est tout.

— Enfin, pas les Blancs, en tout cas.

— Et cette fille a gardé son gant ? demande de nouveau Price, encore sous le choc. Son gant ? Bon Dieu, pourquoi ne t’es-tu pas branlé tout seul, tant qu’à faire ?

— N’oublie pas, La Queue se lève aussi, déclare Van Patten. C’est de Faulkner.

— Où as-tu fait tes études ? demande Price. À Pine Manor ?

— Hé, les gars, regardez qui arrive, dis-je.

— Qui ? demande Price. Price ne tourne pas la tête.

— Devinette : le faux-cul numéro un de chez Drexel Burnham Lambert.

— Connolly ? suggère Price.

— Salut, Preston, dis-je, lui serrant la main.

— ‘lut, les gars, dit Preston, nous saluant d’un signe de tête. Je suis désolé de ne pas pouvoir dîner avec vous ce soir. Preston porte un costume croisé en laine Alexander Julian, une chemise de coton et une cravate de soie Perry Ellis. Il se penche, s’appuyant d’une main sur le dossier de ma chaise. « Vraiment, ça me déplaît de devoir annuler, mais les obligations, vous savez... »

Price me lance un regard accusateur. « Il était invité ? » articule-t-il.

Je hausse les épaules et vide le fond de mon J&B.

— Qu’est-ce que tu as fait, hier soir ? demande McDermott. Pas mal, ce tissu, ajoute-t-il.

— Qui s’est-il fait hier soir ? corrige Van Patten.

— Non, non, pas du tout, répond Preston. Une soirée très convenable, très correcte. Pas de nana, pas de pétard, pas d’excès. Je suis allé au Russian Tea Room avec Alexandra et ses parents. Elle appelle son père Billy. Vous imaginez. Mais je suis complètement lessivé. J’ai bu en tout et pour tout une Stoli. (Il ôte ses lunettes — Oliver Peoples, évidemment — et bâille en les essuyant avec un mouchoir Armani.) Je ne suis pas formel, mais je pense que cette espèce de serveur genre orthodoxe a laissé tomber de l’acide dans le bortsch. Je suis complètement sur les rotules.

— Qu’est-ce que tu fais ce soir, alors ? demande Price avec une indifférence manifeste.

— J’ai des vidéos à rendre, répond Preston, parcourant la salle des yeux. Un truc vietnamien, que j’ai regardé avec Alexandra, une comédie musicale de Broadway, et un film anglais.

— Dis donc, Preston, intervient Van Patten, on va envoyer des questions à GQ. Tu n’en as pas une ?

— Oh, si, j’en ai une, dit Preston. Bien, voilà : quand on porte un smoking, comment empêcher le devant de la chemise de remonter tout le temps ?

Van Patten et McDermott demeurent silencieux une bonne minute. Enfin, Craig, grave, le front plissé par la réflexion, déclare : Bonne question.

— Et toi, Price, tu en as une ? demande Preston.

— Ouais, soupire Price. Si tous tes amis sont des crétins, est-ce un crime, une faute ou un acte de charité de leur faire sauter la tête avec un calibre trente-huit ?

— Pas bon pour GQ, déclare McDermott. Envoie plutôt ça à Soldier of Fortune.

— Ou à Vanity Fair, ajoute Van Patten.

— Mais qui est-ce donc, là-bas ? demande Price, le regard tendu vers le bar. Ce n’est pas Reed Robins ? Et à propos, Preston, tu as une patte cousue sur le devant de la chemise, avec une boutonnière qui te permet d’attacher ton pantalon par un bouton à la taille ; il faut simplement t’assurer que ton plastron ne descend pas au-dessous de la taille, sinon, il remontera quand tu t’assois, mais est-ce que cet enfoiré est ou n’est pas Reed Robinson ? C’est infernal, ce qu’il lui ressemble.

Épaté par la réponse de Price, Preston se retourne lentement, toujours accroupi et, ayant de nouveau chaussé ses lunettes, jette un coup d’œil en biais vers le bar.

— Non, c’est Nigel Morrison.

— Ah, s’écrie Price, un de ces petits pédés anglais. Il fait un stage chez...

— Comment sais-tu que c’est un pédé ? (C’est moi qui pose la question.)

— Ce sont tous des pédés, répond Price en haussant les épaules. Tous les Anglais.

— Et qu’est-ce que tu en sais, toi ? demande Van Patten avec un sourire mauvais.

— Je l’ai vu enculer Bateman à fond, dans les toilettes, chez Morgan Stanley.

Je soupire et me tourne vers Preston : Où Morrison est-il en stage, en fait ?

— J’ai oublié, dit Preston en se grattant la tête. Chez Lazard ?

— Allez,  ? insiste McDermott. À la First Boston ? Chez Goldman ?

— Je ne suis pas certain. Peut-être chez Drexel ? Écoute, ça n’est jamais qu’un assistant en analyse financière, et sa petite amie est une vilaine chose avec des dents noires, qui bosse dans un trou à rats insignifiant, où elle s’occupe de rachats et de liquidations.

— Où est-ce qu’on mange ? (Je suis complètement à bout de patience.) Il faut réserver quelque part. Pas question que je mange debout devant un putain de comptoir.

— Mais qu’est-ce qu’il porte, cet enfoiré de Morrison ? se demande Preston à voix haute. Ce n’est tout de même pas un costume écossais avec une chemise à carreaux ?

— Ça n’est pas Morrison, dit Price.

— Qui est-ce, alors ? demande Preston, ôtant de nouveau ses lunettes.

— C’est Paul Owen, dit Price.

— Ça n’est pas Paul Owen, dis-je. Paul Owen est de l’autre côté du bar, là-bas.

Owen est debout au bar, vêtu d’un costume croisé en laine.

— Il gère le portefeuille Fischer, dit quelqu’un.

— Il a une veine de cocu, murmure quelqu’un d’autre.

— Une veine de Juif, glisse Preston.

— Oh, franchement, Preston, dis-je, qu’est-ce que cela a à voir là-dedans ?

— Écoute, je l’ai vu dans son bureau, au téléphone avec les grands patrons, en train de faire tourner un chandelier à sept branches. Et cet enfoiré a apporté au bureau un buisson pour Hanoukka, en décembre dernier, dit Preston, singulièrement agité.

— C’est une toupie que l’on fait tourner, Preston, dis-je calmement, pas un chandelier. On fait tourner une toupie.

— Oh, bon Dieu, Bateman, tu veux peut-être que j’aille au bar et que je demande à Freddy de te faire frire des galettes de pommes de terre, des... latkes ? demande Preston, vraiment angoissé.

— Non. Simplement, allez-y doucement avec les commentaires antisémites.

— La voix de la raison, dit Price, se penchant pour me tapoter l’épaule. Un brave garçon sans histoires.

— Ouais, un brave garçon qui, d’après vous, se laisse sodomiser par un analyste financier stagiaire, dis-je, sarcastique.

— J’ai dit que tu étais la voix de la raison, dit Price. Je n’ai pas dit que tu n’étais pas homosexuel.

— Tu peux cumuler, ajoute Preston.

— Ouais, c’est ça, dis-je à Price, le regardant droit dans les yeux. Demande à Meredith si je suis homosexuel. Enfin, si elle veut bien ôter un instant ma queue de sa bouche.

— Meredith est une mouche à pédés, explique Price, imperturbable. C’est pour ça que je la plaque.

— Oh, écoutez, les gars, j’en connais une bonne, annonce Preston en se frottant les mains.

— Preston, dit Price, c’est toi qui en es une bonne. Tu sais très bien que tu n’étais pas invité à dîner. À propos, pas mal, ta veste ; désassortie, mais complémentaire.

— Price, tu es un enfoiré. Arrête de me torturer, tu vas finir par me faire mal, dit Preston en riant. Bon, alors, c’est Kennedy qui rencontre Mildred Bailey à une soirée à la Maison-Blanche, et ils vont se planquer dans le bureau ovale pour baiser. Ils font leur truc, et Kennedy s’endort, et... Preston s’interrompt. Oh mince, qu’est-ce qui arrive... Ah oui, alors Pearl Bailey lui dit, monsieur le Président, je voudrais bien recommencer, et alors il lui dit qu’il veut dormir et que dans... trente… non, attendez... Preston s’interrompt de nouveau, gêné. C’est ça, dans soixante minutes... non... bon, dans trente minutes, il se réveillera et ils recommenceront, mais il faut qu’elle garde une main sur sa queue et l’autre sur ses couilles, alors elle dit d’accord, mais pourquoi faut-il que je garde une main sur ta queue et une... une main sur tes couilles... et alors...

Il s’avise que Van Patten est en train de griffonner quelque chose sur sa serviette, l’air absent.

— Hé, Van Patten... Tu m’écoutes ?

— Oui, j’écoute, répond Van Patten, irrité. Continue. Finis. Une main sur sa queue, une main sur ses couilles, vas-y.

Luis Carruthers est toujours au bar, en train d’attendre un verre. Maintenant, il me semble bien que son nœud papillon de soie est de chez Agnès B, mais c’est sans garantie.

— Moi, je n’écoute pas, dit Price.

— Alors, il dit que... Preston tombe en panne, de nouveau.

Long silence. Preston me regarde.

— Ne me regarde pas, moi. Ça n’est pas mon histoire.

— Alors, il dit... J’ai un trou.

— C’est ça, la chute..., ? J’ai un trou ? demande McDermott.

— Il dit... euh... Parce que,... Preston pose une main sur son front, et réfléchit. Bon Dieu, je n’ai tout de même pas oublié ça...

— C’est génial, Preston, soupire Price. Tu es vraiment le type le plus sinistre du monde.

— J’ai un trou ? demande Craig, se tournant vers moi. Comprends pas.

— Ah ouais, ouais, c’est ça, s’écrie Preston. Ça y est, écoutez. Il dit : parce que la dernière fois que j’ai baisé une négresse, elle m’a piqué mon portefeuille.

Et de se mettre aussitôt à pouffer de rire. Après un court silence, toute la table l’imite, sauf moi.

— Voilà, c’était ça, la chute, dit Preston, soulagé, content de lui.

Van Patten lui donne une grande claque. Même Price rit.

— Oh, bon Dieu, dis-je, c’est lamentable.

— Pourquoi ? demande Preston, C’est drôle. C’est de l’humour.

— Ouais, Bateman, dit McDermott, ne fais pas cette tête.

— Ah, j’avais oublié. Bateman a une petite amie à l’American Civil Liberties Union, dit Price. Qu’est-ce qui te gêne, là-dedans ?

— Ça n’est pas drôle. C’est du racisme.

— Bateman, tu es une espèce de sinistre emmerdeur. Tu devrais arrêter de lire toutes ces biographies de Tex Bundy, déclare Preston, se redressant et consultant sa Rolex. Écoutez, les gars, je file. On se voit demain.

— Ouais, sur Radio-Charité, même longueur d’ondes, dit Van Patten, me donnant un coup de coude.

Preston se penche vers moi avant de partir : La dernière fois que j’ai baisé une négresse, elle m’a piqué mon portefeuille.

— D’accord, d’accord, j’ai compris, dis-je, le repoussant.

— Et n’oubliez pas une bonne chose, les gars : « Coca-cola, c’est ça ! » Il disparaît.

— Chabadi-badi-bada, dit Van Patten.

— Hé, qui sait pourquoi les hommes des cavernes étaient plus musclés que nous ? demande McDermott.

 

 

 

American Psycho
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